samedi 17 janvier 2015

L’éducation familiale comme pierre d’attente de la vie consacrée.


La vie consacrée est sans doute un don de Dieu à son Eglise et par extension, à l’humanité. C’est Dieu qui prend l’initiative d’éveiller dans le cœur de l’homme le désir de lui consacrer sa vie. C'est-à-dire de lui donner sa vie à travers le service désintéressé de Dieu par le biais de l’Eglise. « Ceux qui embrassent la vie consacrée, hommes et femmes, se situent, par la nature même de leur choix, en acteurs privilégiés de la recherche de Dieu qui anime depuis toujours le cœur de l’homme et le conduit dans des multitudes voies d’ascèse et de spiritualité. »[1] La vie consacrée est un type de vie qui exige le détachement et la fidélité aux exigences évangéliques. Et par la mortification et la subordination de son propre projet à celui de Dieu, le consacré refuse délibérément l’égocentrisme et met en évidence les conditions de la recherche authentique de Dieu qui est l’amour inconditionnel et désintéressé de Dieu et du prochain.  Cet amour amène le consacré à refuser toute tendance à se replier sur lui-même. Par ce fait, il devient fondamentalement un homme ouvert qui annoncera l’amour du Christ par ses actions et ses paroles. Il est aussi important d’avouer que Personne n’est né consacré, on le devient par un libre choix. Mais, le devenir implique que la personne a dès son base âge fait preuve d’une éducation chrétienne qui a en premier moment réveillé en lui le désir de se consacrer à Dieu. Cela mis en exergue d’une manière explicite la place de l’éducation familiale dans la vie consacrée. C'est-à-dire, l’impact des valeurs que la famille a transmises à l’enfant par biais de l’éducation. Qu’est-ce que l’éducation et Comment est-ce que l’éducation familiale peut influencer la vie du consacré dans sa communauté d’appartenance?

 L’éducation reste l’acte par lequel l’enfant est mis dès sa naissance à l’ abri des attentes de son groupe d’appartenance : sa religion et sa société. Le concept d’éducation fait allusion à « l’ensemble des processus et des procédés qui permettent à tout enfant humain d’accéder à la culture, l’accès à la culture étant ce qui distingue l’homme de l’animal. »[2]  Mais où se faire l’éducation ? À cette préoccupation nous reconnaissons l’apport de la famille, l’école et le milieu social dans le système éducatif. Cependant, d’une manière spécifique, nous favorisons la famille car celle-ci a comme tâche  primordiale la fonction éducatrice. Et dans la mesure où nous pouvons dire que l’homme ne peut devenir que ce que l’éducation fait de lui, nous pouvons affirmer sans aucune hésitation que chaque homme est une image de sa famille. Il n’est que ce que sa famille l’a rendu. L’éducation familiale reste donc le catalyseur de toutes autres édictions.

La personnalité de l’enfant est le résultat d’une longue période d’enfance : c'est-à-dire cette  étape essentiellement transformatrice qui permet à l’enfant d’arriver à la compréhension totale  des structures culturelles auxquelles il ne peut éviter d’affronter dans sa vie adulte. Car avant de parler il faut qu’il babille, et avant de marcher il parait nécessaire qu’il se tienne debout. Avant d’être indépendant, il faut qu’il se soumette aux autres.  La famille biologique est le garant naturel de cette période fondamentalement formative. Celle-ci est communément considérée comme  «L'ensemble des personnes (enfants, serviteurs, esclaves, parents) vivant sous le même toit, sous la puissance du pater familias. [C’est aussi] L'ensemble des personnes unies par le sang ou par les alliances et composant un groupe ou un clan familial sous l'autorité d'un chef. » La famille en tant qu’un groupe social, se présente dès son origine comme l’unité la plus résistante et vitale de la culture. C’est dans ce sens que nous comprenons que « la famille est  un groupement  à la fois biologique et culturelle. Biologique en ce sens qu’elle nous assure les meilleures conditions pour engendrer des enfants et les protéger pendant qu’ils sont sous notre dépendance. Culturelle parce qu’elle établit des liens  intimes entre des personnes d’âge et de sexe différents chargées de renouveler et refaçonner les us et les coutumes de la société qui les a vues naitre. »[3] La famille est un atelier ou les valeurs sont transmises aux enfants. Elle  doit être capable « dès les premières âges de l’enfant, [de] fournir a l’enfant des occasions de faire ses projets et d’assumer des responsabilités qui puissent consolider sa personnalité »,[4] et son insertion dans la vie de la société où se trouve la vie consacrée.

Ces valeurs familiales que l’enfant fera siennes le qualifieront dans son choix de vie et formeront sa personne car à la mesure où il grandit et pense, toute la mentalité et la vie de l’entourage familiale agit sur lui. Voilà pourquoi nous affirmerons sans doute que « le milieu familial constitue pour l’enfant le premier des éducateurs […] à famille tranquille, enfant paisible ; à famille religieuse, enfant pieux ; à famille altruiste, enfant charitable et inversement ; à famille désunie, enfant perturbé ; à famille jouissante, enfant matérialiste, etc. » l’homme est donc un produit de sa famille car tout ce qu’il reçoit en famille comme conseils,  réprimandes, encouragements contribuent à la formation de sa personne et c’est ce bagage des valeurs familiales qu’il va apporter dans la vie consacrée. Pour ce fait, il paraît nécessaire de cultiver un climat de confiance et respecte réciproque dans l’entourage famille. Cet entourage où chacun doit s’acquitter de ses responsabilités dans l’amour et dans la fraternité. Si l’enfant est enseigné que la véritable joie se trouve dans  le service désintéressé de Dieu et du prochain dans sa famille, et que la vie en communautaire exige l’ouverture, la simplicité, la sincérité, et la charité, il sera apte, voire capable de mener une vie ouverte, charitable et simple dans sa famille religieuse et par extension, vivre selon les exigences de sa consécration. La vie familiale se présente ainsi comme le primordial entourage où les enseignements du Christ se vie et se réalise au quotidien.

[1] Jean Paul II, la vie consacrée,  2eme édition, septembre 1996, P 159
[2] Olivier Rebuol, les valeurs de l’éducation.
[3] Paul friasse, le jeune enfant dans la civilisation moderne, Presse Universitaire de France, 108, Boulevard Saint – GERMAIN, Paris, 1973, P 7.
[4] Ibidem.